UN DES 2 000 DEPORTES ENVOYES A BOSSUET (ALGERIE)
L’Humanité du vendredi 24 septembre publiait un article, signé par l’historien Georges Sentis, sur la déportation au Sahara Algérien en 1941 de plus de 2000 Français et étrangers opposants à Vichy. Cet épisode commenté m’a remis en mémoire le bannissement vécu par notre Camarade Marcel Miro.
Mais auparavant quelques lignes pour connaître Marcellin (Marcel) Miro.
Il naquit le 4 décembre 1914 à Prades (Pyrénées-Orientales) fils d’un agriculteur dont les circonstances le firent maçon et d’une épicière, tous deux devinrent sympathisants communistes.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la famille vint s’installer à Avignon. Dès l’âge de treize ans, il était secrétaire régional des jeunesses communistes. Il adhéra au parti communiste en 1935.
Le 26 septembre 1939 parut au journal officiel un décret qui frappait d’interdiction le parti Communiste et ses organisations furent dissoutes.
En 1940, Marcel s’efforça de réactiver clandestinement l’organisation communiste. Il fut appréhendé le 1er décembre suivant et incarcéré à la prison Sainte-Anne, puis au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) et d’Oraison (Basses-Alpes).
Le gouvernement de Vichy multiplia les internements. Mais, face au surpeuplement, il décida de « déporter » en Algérie les détenus considérés comme les plus dangereux. Marcel fut transféré au pénitencier de Bossuet. La Redoute, située à 1350 mètres d’altitude, avait un climat très rude « écrasée l’été sous un soleil chauffé à blanc, enneigée un mois l’hiver et gercée par le froid, battue par les vents toute l’année ».
Les détenus étaient livrés à la cruauté des chefs de camp. Humiliations, corvées épuisantes, privations de soins, nourriture insuffisante et de mauvaise qualité, hygiène nulle furent leur lot. Ce ne fut pas étonnant qu’une cinquantaine de détenus mourussent dans ces lieux.
Le parti avait organisé dans le camp la solidarité et une autre forme la mise en place de cours et de conférences sous la houlette de Roger Garaudy. Marcel fut libéré avec l’aide des 27 députés du « chemin de l’honneur » une tension artérielle de 7 et complètement édenté. Il demanda à participer à la libération de la France. Le gouvernement de De Gaulle refusa.
Après avoir surmonté ses déficiences, il reprit la lutte et il aida le jeune parti communiste marocain.
Marcel Miro fut un modèle d’attachement, de fidélité au parti communiste. Jusqu’à sa tragique disparition, il a montré une confiance inébranlable à l’idéal pour lequel il s’était battu pendant soixante ans.
Deux mots sur les circonstances de son décès, Marcel était très imprudent et d’une très grande témérité. Il possédait une barque à fond plat avec laquelle il pêchait en méditerranée. À Sète, au début du mois de juillet 1987, malgré la houle, il était allé tenter de prendre du poisson un peu au large. Il se noya, son corps fut retrouvé quelques jours plus tard par la marine espagnole à la hauteur de Sant Feliu de Guixols. Annie la fille d’Emma Miro et moi étions allés reconnaître sa dépouille.
Raymond Chabert
Sources : Georges Sentis, historien, dans le journal l’humanité du 24 septembre, le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français et souvenirs personnels.